le Père Noël est un pervers
Chaque année, je te regarde dormir. J’aime que tu sois immobile, que tu respires en silence. C’est un jeu de te garder dans cet été.
Parfois, je me rapproche — soigneusement, avec précaution. Je balade un doigt sur ta manche. Je touche tes cheveux avec ma langue. Je laisse ma barbe te brosser le front.
Si je peux, si je pense que tu ne te réveilleras pas, j’ouvrirai un tiroir. Je poserai un pouce sur son contenu, je sourirai à l’idée que tu porteras mon contact, sans le savoir, sur ta peau nue.
Peut-être que j’ouvrirai un placard. Peut-être que je déplacerai quelque chose dans ton dressing, juste un peu. Peut-être que tu le remarqueras… mais je pense que ce ne sera pas le cas.
Je mangerai les cookies, car pourquoi pas ? Je penserai à toi, endormie dans la pièce voisine, et je lècherai les miettes sur mes doigts. Je poserai le plateau sur mes genoux.
Puis, au bout d’un moment, j’irai remplir tes chaussettes de Noël. Chaque cadeau sera manipulé avec précaution, tendrement, avant d’être glissé à l’intérieur.
Je t’imaginerai, le matin, découvrant ce que je t’ai laissé. Et parfois je devrai faire une pause pour reprendre mon souffle.
Je repenserai à l’année dernière, et celle d’avant. Chaque année est meilleure que la précédente.
Avant de partir, je te jetterai un dernier regard. Je te murmurerai sûrement quelque chose. Je me pencherai même contre ton visage et chuchoterai chaleureusement à ton oreille « Joyeux Noël ».